Ce projet a permis de découvrir de nombreuses molécules « métabolites secondaires » dont les propriétés sont variées. Certaines se sont révélées étonnantes de par leur structure chimique et leurs propriétés. Les plus remarquables sont des substances fortement colorées comme les corallistines isolées de Isabella mirabilis, ou encore les gymnochromes de Neogymnocrinus richeri.


Les corallistines sont des porphyrines libres, trouvées ici pour la deuxième fois dans des organismes vivants, impliquées (lorsqu’elles sont « complexées ») dans différents processus biologiques dont le transport d’oxygène. Ces composés sont aussi des biomarqueurs de l’origine des pétroles. Leur rôle dans l’éponge est inconnu. Les porphyrines de I. mirabilis ont montré des propriétés cytotoxiques et antibiotiques.

Le squelette des gymnochromes était connu depuis les années 60 à partir de crinoïdes fossilisés ! Cette découverte dans des organismes vivants a été une surprise (ou le contraire…). Depuis, ces composés ont été trouvés dans un autre crinoïde fixé des Caraïbes, l’Holopus rangii : un extrait de Holopus alidis, trouvé pendant la campagne Kanadeep 2, sera bientôt analysé pour y découvrir peut être de nouvelles molécules de cette série chimique. Les propriétés biologiques des gymnochromes ont été étudiées par l’équipe en collaboration avec l’Institut Pasteur de Nouvelle Calédonie, et constituent les premières molécules naturelles actives sur le virus de la dengue en bloquant sa prolifération dans des cultures de cellules au laboratoire.

Par Cécile Debitus